LE SIÈGE D’INEX, UN BÂTIMENT EXEMPLAIRE


Un bâtiment réhabilité et à énergie positive

La réhabilitation du bâtiment du 2 rue Rabelais à Montreuil s’inscrit dans une démarche de Haute Qualité Environnementale. D’une manière générale cette démarche vise à satisfaire les objectifs traditionnels de qualité (qualité architecturale, qualité d’usage, qualité d’ambiance, qualité technique) tout en limitant l’impact environnemental et sanitaire du bâtiment.

Le projet auquel nous avons abouti aujourd’hui avec l’architecte Pascal Lepissier répond à nos ambitions de par ses spécificités à la fois architecturales et techniques. Ci-après une brève description du projet puis une présentation par thématiques des sujets traités par le bâtiment lauréat de l’appel à projet Réhabilitation Durable.

Objectifs environnementaux :

En tant que bureau d’étude environnemental, nous avons cherché à faire de notre futur siège la vitrine de nos compétences dans le domaine du conseil environnemental dans le bâtiment. En partenariat avec nos architectes, nous avons donc cherché à définir à partir des contraintes du site et de ses opportunités, la meilleure réponse aux nouveaux enjeux de la construction, à savoir : 

  • Conception bioclimatique
  • Limitation de l’empreinte carbone du bâtiment
  • Limitation des besoins en eau potable
  • Réduction du taux d’imperméabilisation de la parcelle
  • Confort visuel
  • Confort hygrothermique
  • Choix des matériaux de construction en fonction de leurs qualités environnementales et sanitaires

Objectifs énergétiques :

Bien que le projet comprenne une phase de rénovation du bâtiment existant, nous avons souhaité que la totalité du bâtiment soit bien plus performant que les objectifs de la RT 2012.

Nous avons alors durant des études de conception cherché à aller au de la de ce niveau de performance en cherchant à limiter les besoins de chauffage en dessous de 10kWh/m² et en compensant la totalité des consommations réglementaires en énergie primaire par une production d’électricité local à partir de panneau solaire photovoltaïque de 21,8 kWc .

Ainsi aujourd’hui le bâtiment est à énergie positive avec une production de 48,6 kWhep/m².an

CONCEPTION

Réponse architecturale

• des façades Nord et Sud largement vitrées pour assurer le confort visuel sur toute la profondeur des plateaux de bureaux

• la façade Sud est protégée des apports solaires d’été via des casquettes à chaque niveau et des stores extérieurs en toile mais laisse pleinement entrer les apports solaires d’hiver de sorte à réduire les besoins de chauffage

• la façade Nord est équipée de stores intérieurs pour réduire le nombre d’heure de surchauffe et garantir le confort visuel.

• des ouvrants de ventilation sont installés en partie haute sur les deux façades opposées afin favoriser la ventilation naturelle transversale et de permettre de ventiler ou surventiler naturellement les plateaux en fonction des périodes de l’année

• l’isolation des façades à ossature bois par une double couche croisée d’isolant de sorte à recouvrir les montants de l’ossature et assurer une enveloppe isolante sans rupture

• une attention particulière a également été portée sur l’étanchéité à l’air du bâtiment avec un travail rigoureux en conception et en suivi de chantier au niveaux des points singuliers avec validation des performances atteintes par un test à la fin du clos ouvert et juste avant la réception

Organisation des espaces

• La structure en poteau poutre existante permet de bénéficier de vastes plateaux de 10 m de profondeur. Contrairement aux bureaux existants nous avons fait le choix de ne pas conserver les cloisonnements en bureaux individuelle afin de profiter de ces grands plateaux très largement éclairés naturellement sur toute leur profondeur.

• Cette solution permet également de bénéficier avantageusement des effets de la ventilation transversale pour assurer le confort d’été de façon passive.

• Les espaces à faible valeur ajoutée que sont l’ascenseur, la zone de reprographie ou les sanitaires ont tous été regroupés sur les façades Nord et Est afin de faire profiter les bureaux et salle de réunion de la meilleure orientation au Sud.

REALISATION

Choix des matériaux

• Nous nous sommes attaché à sélectionner des matériaux sains etpeu émetteurs de polluants pour l’aménagement intérieur des espaces. A ce titre les murs sont peints avec des peintures bénéficiant de labels ou certifications concernant leur émission de COV dans l’air, de type Ange bleu, Cygne blanc ou NF environnement.

• Pour les revêtements de sol, il s’agit d’un sol coulé en caoutchouc bénéficiant également de certificat sur les émissions de COV. Ce type de revêtement lisse sans joint est facile à nettoyer et ne nécessite pas de produits spécifiques pouvant émettre des odeurs. De plus le système de pose par coulage évite l’usage de colles souvent émettrices d’odeurs et de COV également.

• En dehors de quelques panneaux acoustiques, il n’est n’y a pas de de faux plafond dans le bâtiment. La solution acoustique retenue respecte par ailleurs la Directive Européenne 97/69/CE du 5/12/97 sur les tests de cancérogénicité des fibres minérales. Ces dernières sont également ensachées pour ne pas risquer de polluer l’air intérieur.

• Outre les aspects liés à la qualité sanitaire, les matériaux ont également un impact sur l’énergie grise contenu dans le bâtiment. Un des gros intérêts de la réhabilitation est de limiter la consommation de ressources et d’énergie pour le bâtiment neuf puisque certains éléments de l’existant sont conservés. Sur cette opération, c’est l’ensemble de la structure poteaux poutre acier + dalles béton et pignon brique qui a été gardé. De plus, l’état des lieux de l’existant a permis de lister un certain nombre d’équipements qui ont été conservés lors de la démolition pour réutilisation ultérieure dans le bâtiment neuf comme :

• l’isolant des cloisons acoustiques
• plaques de plâtre,
• certains équipements sanitaires en bon état (cuvettes de WC + lavabos, mitigeurs…)
• des pompes
• divers équipements électriques,
• certaines portes
• les extincteurs incendies

• La récupération de ces matériaux de bonne qualité déjà présents dans le bâtiment existant a permis une légère économie financièresur le projet tout en ayant un impact favorable sur la quantité d’énergie grise dépensée pour la réhabilitation du bâtiment. Pour les matériaux neufs du projet tel que la façade, l’isolation ou les matériaux de revêtement nous avons sélectionné les produits pour leur capacité à être recycléeleur origine naturelle ou leur production locale ainsi qu’en vertu de l’adhésion des fournisseurs et entreprises à la démarche HQE.

Volume de bois

• La structure porteuse du bâtiment existant est en poteaux poutre métallique et plancher béton. Un des intérêts de la réhabilitation est de pouvoir bénéficier de cette structure existante suffisamment en bonne état pour assurer ce même rôle pour les 50 prochaines années de vie du bâtiment réhabilité.

• Le projet réhabilité à permis l’ajout de 2 niveaux supplémentaires par rapport au bâtiment existant. Ces 2 niveaux qui viendront se rajouter à l’ossature existante devront également répondre à une structure légère.

• Les façades Nord et Sud rapportées en nez de dalle sont par ailleurs en ossature bois et isolées par deux couches croisées de fibre de bois. Les pignons brique qui ont été conservés sont quant à eux isolé par l’intérieur et également par une fibre de bois. Souhaitant éviter les ponts thermiques au niveau des poteaux présents dans les pignons, nous avons fait le choix de les encoffrer dans le doublage thermique. Ces poteaux étant de 220 mm de profondeur nous avons donc pu recourir à un isolant moins performant que la laine de verre mais en épaisseur plus importante.

• Pour tous les éléments en bois, les CCTP ont exigé que le bois provienne de forêts gérées durablement, de fournir l’origine de ce bois et de privilégier le bois local et de France et enfin de sélectionner le bois selon classe d’usage pour éviter les traitements.

SYSTEMES

Réponse technique

• Le chauffage s’effectue par radiateur et la production d’eau chaude via une chaudière gaz à condensation associé à un système de stockage de chaleur inter-saisonnier.
Nous avons effectivement fait le choix d’installer un système innovant de stockage de chaleur inter-saisonnier dont le fonctionnement est le suivant :

Stockage d’eau chaude à 90°C produite durant l’été
– par 2 panneaux solaires thermiques à tubes de 3m² chacun installés en façade sud
– dans 1 ballon de stockage représentant un volume total de 10m3 très fortement isolé (50cm de polyuréthane).

Cette eau chaude est ensuite utilisée dès le lancement de la période de chauffe pour réchauffer le retour du circuit de distribution d’eau chaude (après passage dans les radiateurs) afin de limiter la puissance appelée via la chaudière gaz. D’après nos études théoriques, cette solution est celle qui permet la meilleure exploitation de ce volume d’eau chaude puisque elle permet une économie de l’ordre de 900 kwh par an environ soit 9 % des besoins.

• La ventilation des locaux s’effectue par système double flux à échangeur à plaque de rendement 90% et pilotage des débits par pilotage horaire associé à une détection de présence au niveau de chaque bouche de soufflage afin d’adapter les débits à l’occupation de chaque plateau et ainsi limiter les consommations électriques des ventilateurs des CTA et les besoins de chauffage en hiver.

• Une cuve de récupération d’eau de pluie pour l’alimentation des sanitaires du bâtiment. Les études montrent qu’un taux de couverture de l’ordre de 80% est atteint via cette cuve de 8m3.

• Une installation de panneaux photovoltaïques de 21,8 kWcassurant le rôle de pergola en toiture terrasse permet de compenser les consommations en énergie primaire des 5 postes réglementaires et ainsi d’atteindre le niveau bâtiment passif.

• Nous avions envisagé le recours à une PAC géothermiques compte tenu de la présence d’eau en sous-sol, néanmoins les études de faisabilité hydrogéologique que nous avons fait réaliser ont montré que la nappe exploitable était à 60m de profondeur et donc que les coûts de forage n’auraient pas pu être rentabilisés sur la durée de vie de l’installation compte tenu des faibles besoins en chauffage du bâtiment.

• La production d’ECS s’effectue par ballon électrique. Une étude comparative de différentes solutions a été réalisée et montre que la solution effet joule décentralisée est la plus intéressante à la fois du point de vue de la consommation en énergie primaire et du point de vue financier. On notera par ailleurs que seules les douches et la cafétéria seront alimentées en ECS, les sanitaires des étages ne sont alimentés qu’en eau froide.

• Un éclairage artificiel par luminaire basse consommation type T5 sur les plateaux de bureaux et LED dans les salles de réunion. L’éclairage est piloté par des sonde de luminosité afin d’adapter la puissance d’éclairage aux besoins.

• L’installation de nombreux capteurs (sonde de température, vitesse d’air, …) raccordés à une GTB afin de réaliser un suivi fin des performances et du comportement du bâtiment. Ce suivi nous permet de toujours valoriser au maximum les solutions passivesinstallées sur le projet à savoir la ventilation naturelle, le chauffage via l’installation de stockage de chaleur inter saisonnier. La GTB est également raccordée à de nombreux compteurs d‘énergie qui nous permet d’analyser en détail les consommations liées à chaque poste (éclairage, auxiliaires de chauffage et ventilation, équipements informatiques, ECS, chauffage des bureaux, préchauffage de l’air neuf, …)

Un bâtiment experimenté dans le temps